Mort subite du sportif: Compte rendu de l’intervention du Dr AMORETTI, cardiologue au CHU de la pitié Sâlpetrière à Paris lors du colloque du 25 janvier 2014 à Eaubonne sur « La mort subite du sportif » par Elodie LECANTE
La mort subite du sportif représente 1200 à 1500 cas par an en France, dont 10 à 15 sportifs de haut niveau et une majorité d’hommes de plus de 35 ans.
Définition de la mort subite :
C’est une mort naturelle, ce qui implique la non prise de stupéfiants ou autre substances, qui n’est pas engendrée par un traumatisme et, qui est inattendue, sur un cœur supposé « normal ».
Il est à noter que l’étiologie de la mort subite est, dans plus de 90% des cas, un arrêt cardiaque sur une malformation ou une maladie cardiaque préexistante.
Chez le sujet jeune (moins de 35 ans), les cas d’une  malformation touchant le ventricule gauche, le ventricule droit, les artères coronaires ou le réseau électrique semblent prédominants dans ce type de décès.
Pour la plupart, ces malformations présentent un caractère héréditaire qui est décelable par un examen cardiologique associé à la réalisation d’un Electrocardiogramme (ECG) de repos.
En France, la visite médicale de non contre-indications est obligatoire pour les activités physiques en club. Celle-ci est généralement effectuée en deux temps : le premier est un interrogatoire et le deuxième un examen physique. La pratique d’un ECG n’est, quant à elle, pas systématique, contrairement à nos voisins italiens.
Quelles recommandations possibles lors de la visite médicale :
–        L’interrogatoire et l’examen :
Ils vont rechercher les antécédents de mort subite familiale, la recherche de cardiopathie (affections cardiaques de tous types), les signes fonctionnels liés à l’effort, durant ou en phase de récupération et de repos.
Chez le sportif entraîné qui se connaît bien, il faudra être vigilant aux sensations inhabituelles.
–         L’ECG :
C’est un moyen de dépistage majeur et peu cher (15 euros).
Un consensus de la société européenne de cardiologie du sport, préconise une périodicité pour la pratique de cet examen à savoir :
Un ECG lors de la 1ère visite
Puis, un ECG tous les 3 ans jusqu’à l’âge de 20 ans
Puis, un ECG tous les 5 ans
Quels sont les moyens de prévention :
Certaines morts subites surviennent sur un cœur sain, lors d’infection virale provoquant une myocardite fulgurante (inflammation du myocarde qui est le muscle cardiaque). Cela représente 10% des morts subites sur cœur sain suite à un trouble du rythme cardiaque.
Dans ce cas, la prévention consiste à interdire tout effort physique important pendant la période d’infection virale.
Chez le sujet âgé (plus de 35 ans), la cause principale d’arrêt cardiaque est l’obstruction des artères coronaires par un processus athéromateux (formation de plaques constituées de dépôt de lipides et, notamment, de cholestérol) qui provoque un infarctus du myocarde ou un trouble du rythme. Les deux pouvant entrainer un décès soudain.
Dans ce cas la prévention consiste à , dans un premier temps,  sélectionner les sportifs ayant des facteurs de risques (surcharge pondérale, cholestérol, diabète, tabac, HTA…) ou des symptômes anormaux pendant l’effort (douleur dans la poitrine, oppression thoracique, malaise, essoufflement inhabituel) et, dans un deuxième temps, leur proposer un bilan cardiologique de dépistage qui pourra, si besoin,  inclure un ECG à l’effort sur un vélo ou tapis roulant.
Les grands principes à respecter :
Dans tous les cas, le Club des cardiologues du Sport recommande le respect des « 10 règles d’or »
1-   Je signale à mon médecin toute douleur dans la poitrine ou essoufflement anormal survenant à l’effort
2-   Je signale à mon médecin toute palpitation cardiaque survenant à l’effort ou juste après l’effort
3-   Je signale à mon médecin tout malaise survenant à l’effort ou juste après l’effort
4-   Je respecte toujours un échauffement et une récupération de 10 minutes lors de mes activités sportives
5-   Je bois 3 à 4 gorgées d’eau toutes les 30 minutes d’exercice à l’entraînement comme en compétition
6-   J’évite les activités intenses par des températures extérieures < -5°C ou > +30°C et lors des pics de pollution
7-   Je ne fume jamais dans les 2 heures qui précèdent et suivent la pratique sportive
8-   Je ne consomme jamais de substances dopantes et j’évite l’automédication en général
9-   Je ne fais jamais de sport intense si j’ai de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal (fièvre + courbatures)
10- Je pratique un bilan médical avant de reprendre une activité sportive intense si j’ai plus de 35 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes
Prévenir la mort subite est un point essentiel à ne pas négliger. Tout d’abord la prévention passe par la traditionnelle visite médicale d’aptitude mais par la réalisation de différents examens tels : que l’ECG ou le test d’effort.
Certes ces derniers ont un coût financier, mais qui reste abordable et qui permettent la pratique sereine et adaptée d’un sport.
Pour terminer, il faut retenir que la prévention passe aussi par la formation des gestes d’urgences, et en particulier l’utilisation d’un défibrillateur automatique externe (DAE) présent sur la plupart des stades.
Elodie LECANTE
Animateur régional en athlétisme
Coureuse de fond et infirmière
en services d’urgences au SAMU 93
SDPO-mag 16 rue Jean Cocteau 95350 Saint Brice sous Forêt Tél : 01 39 94 01 87
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